La place des femmes dans l'entrepreneuriat en France
Les femmes osent de plus en plus entreprendre et c’est une excellente nouvelle. Aujourd’hui, en France, une femme peut considérer sa carrière comme une priorité et créer son entreprise. Mais le tableau n’est pas idyllique. Si les chiffres concernant la place des femmes dans l’entrepreneuriat en France sont en hausse, des déséquilibres persistent. En cause : des inégalités entre les femmes et les hommes sur de nombreux sujets : secteurs d’activité, écart de revenus, frilosité des investisseurs, plafond de verre... Et que dire de la charge mentale des femmes qui ont décidé de ne pas choisir entre être mère et cheffe d’entreprise ? Elles doivent tout mener de front. Tour d’horizon de la réalité de l'entrepreneuriat féminin en France en 2025.

De plus en plus de femmes entrepreneures en France
Pour dresser un portrait quantitatif des entrepreneures françaises aujourd’hui, il est nécessaire de s’appuyer sur les données et statistiques officielles fournies par différents organismes. Ceux qui sont considérés comme des sources fiables : l'INSEE, le Ministère de l'Économie et des Finances, Bpifrance ou encore l’URSAFF.
Alors quelle est la proportion d’entrepreneures ?
Alors que les femmes représentent environ 52% de la population française, leur proportion parmi les créateurs d'entreprises reste inférieure. On parle d’environ 30% à 40%, avec des variations selon le type d'entreprise (micro-entreprise, TPE, PME) et le secteur d'activité.
Mais ces dernières années, le nombre d’entrepreneures en France a augmenté. Selon des statistiques récentes de l’INSEE et de la Banque mondiale, elles représentent environ 40 % des entrepreneurs et chefs d’entreprise, ce qui témoigne d’une volonté croissante d’indépendance et d’autonomie.
En effet, le taux de création d’entreprises par des femmes a connu une croissance de près de 20 % entre 2015 et 2020.
Les femmes font des études plus longues et suivent des formations, se reconvertissent professionnellement, ne sont plus forcément mères ou le sont plus tard. Autant de facteurs qui expliquent cette progression. Socialement, les femmes osent mettre leur carrière en avant et se lancer dans l’aventure de l’entrepreneuriat. Ceci étant dit, à quelle échelle ?
Le profil-type : la femme auto-entrepreneure ?
L’entrepreneuriat se féminise, c’est un fait, mais si on doit dresser un profil-type, c’est avant tout en solo que les femmes se lancent, portées par le statut de l’auto/micro-entreprise. Fin 2022, si la part des femmes parmi les travailleurs indépendants classiques se maintient (37,9%), celle concernant les femmes auto-entrepreneures atteint 44,5% en 2023.
En 2022, le nombre de femmes créatrices d’entreprise est en augmentation. Elles représentent en effet 43,7 % des créateurs d’entreprises, contre 40,6 % en 2021. Près de 378 300 entreprises ont ainsi été créées par des femmes en 2022, dont près de 309 000 en auto-entreprise. Les auto-entrepreneures représentent 44 % des créateurs en 2022 (source : URSAFF).
On constate que c’est prioritairement via le statut de micro-entreprise (auto-entrepreneure) que les femmes se lancent, plutôt tardivement d’ailleurs, avec une moyenne d’âge à plus de 40 ans.
Complément d’activité ou second emploi suite à une reconversion professionnelle souvent, les femmes profitent de ce qu’on appelle la fameuse « crise de la quarantaine » pour faire le point. Et c’est surtout une quête de sens grâce à laquelle elles osent se lancer dans un métier-passion ou une vocation longtemps mise de côté.
Mais au départ, elles ne peuvent pas toujours quitter leur emploi salarié et 11,8% d’entre elles cumulent alors plusieurs activités dans le secteur privé et public.
Ce qui passait il y a quelques décennies pour de l’instabilité est aujourd’hui une véritable possibilité de réinventer sa carrière, une fois les enfants grands, après un divorce ou une formation.
Les femmes ont envie d’entreprendre même si leurs entreprises sont souvent plus petites avec un chiffre d'affaires moindre par rapport aux hommes.
Les secteurs d’activité privilégiés des entrepreneures
Les femmes entrepreneures sont principalement présentes dans les secteurs suivants :
- Le commerce de détail (45 %)
- Les services à la personne (30 %)
- La santé et le social (15 %)
- L'éducation
- L'artisanat
Elles sont en revanche sous-représentées dans les secteurs technologiques, l'industrie lourde et la finance. Mais bonne nouvelle : les femmes sont de plus en plus nombreuses à se lancer dans l'entrepreneuriat numérique et le freelancing, car ces modèles offrent de la flexibilité. Elles peuvent ainsi mieux gérer leur rythme de travail, notamment si elles ont une autre activité au début ou si elles sont mères.
Quel soutien pour l’entrepreneuriat féminin ?
Il existe diverses mesures pour encourager l’entrepreneuriat féminin, comme des dispositifs d’accompagnement spécifiques, des formations ou des réseaux de femmes entrepreneures. Des organisations soutiennent l'entrepreneuriat féminin, offrant formations, mentorat et financement. Mais moins de 30 % des réseaux d’accompagnement entrepreneurial en France sont spécifiquement dédiés aux femmes.
On constate par contre une augmentation des réseaux privés entre femmes entrepreneures, qui se regroupent via des initiatives personnelles. Ces initiatives sont parfois locales ou associatives mais grâce aux réseaux sociaux et aux moyens de communications modernes, cela peut permettre à des femmes d’horions différents d’entrer en contact. La sororité et l’esprit de solidarité entre femmes cheffes d’entreprise sont des soutiens essentiels à l’essor de l’entrepreneuriat féminin.
Des obstacles et défis persistants
Malgré ces progrès, les femmes qui veulent créer leur business doivent encore et toujours faire face à des inégalités de genre. Et dans les faits, les différences de traitement entre les femmes et les hommes sont encore bien présentes dans le monde de l’entrepreneuriat.
Un écart de revenus entre les femmes et les hommes
Selon l’URSAFF, en 2021, les travailleuses indépendantes déclaraient un revenu annuel moyen de 39 363 € contre 49 304 € pour les hommes, soit 20,2 % de moins.
En 2022, les auto-entrepreneures déclaraient, quant à elles, un revenu annuel 18,9 % plus faible que les hommes.
Ces écarts s’expliquent en partie par le secteur d’activité. En effet, les femmes sont sur-représentées dans les secteurs les moins rémunérateurs (coiffure et soins du corps ; santé et action sociale, autres services personnels).
Le secteur où l’on retrouve la part la plus importante de femmes indépendantes est le commerce de détail non alimentaire (hors pharmacie) avec 47,6 %.
Mais la nature de l’activité ne justifie pas tout. Les femmes entrepreneures gagnent en moyenne 25 % de moins que leurs homologues masculins dans des secteurs comparables. Comme pour les salaires, les revenus et chiffres d’affaires des entreprises de femmes ne sont pas égales aux hommes.
En cause ? Les obstacles rencontrés pour leur financement et le manque de visibilité de la réussite professionnelle au féminin. Explications :
- Un accès plus difficile au financement
Les femmes rencontrent plus de difficultés à accéder au financement (prêts bancaires, capital-risque) que les hommes, notamment pour des projets à fort potentiel de croissance. Les vieux schémas patriarcaux ont encore la vie dure quand il s’agit d’argent et de pouvoir…
Selon une étude de l’Observatoire de l’Entrepreneuriat Féminin, seulement 20 % des financements accordés aux startups en France sont attribués à des femmes ou des équipes mixtes.
- Un manque de visibilité
La réussite des femmes entrepreneures est moins médiatisée que celles des hommes, encore un vieux modèle à déconstruire. Cette invisibilité limite leur reconnaissance et leur impact dans la société.
- Le plafond de verre
Même lorsqu'elles réussissent à créer et développer leur entreprise, à avoir un business qui marche, les femmes rencontrent des difficultés à accéder aux réseaux d'influence. Les hautes sphères comme on dit, sont encore l’apanage de réseaux très masculins…
Être entrepreneure et maman : un combo difficile à concilier ?
Quand il s’agit de concilier vie professionnelle et vie de famille, la question ne se pose pas pour les hommes pères de famille. Alors que pour les femmes, on leur demande même en entretien d’embauche si elles envisagent une grossesse ! Pas encore enceinte et déjà mise en garde, c’est une réalité encore trop présente !
Alors quand une femme est maman, peut-elle réussir dans l’entrepreneuriat ? Évidemment que oui… Sauf qu’on lui renvoie trop souvent ce soi-disant problème de conciliation entre vie professionnelle/vie personnelle.
En cause ? La charge mentale et les responsabilités familiales continuent de peser plus lourdement sur les femmes, rendant difficile la gestion d'une entreprise. Il ne s’agit pas de manque de volonté ou de problème de leadership, mais bel et bien de schémas encore profondément ancrés dans les mœurs selon lesquels la mère doit gérer la maison et les enfants avant de penser au travail alors que le père peut librement mener sa vie professionnelle.
Résultat ? Les femmes entrepreneures doivent assumer leur choix et se débrouiller si elles veulent être à la fois cheffes d’entreprise et mères. D’ailleurs, le manque d'infrastructures adaptées (crèches, aides à domicile) aggrave le problème.
Comment promouvoir l’entrepreneuriat féminin ?
On le voit, et c’est une bonne chose : la société évolue et les femmes prennent de plus en plus leur place dans la sphère professionnelle. Mais ce n’est pas suffisant, cela ne va pas assez vite. De trop nombreuses inégalités et injustices perdurent encore avec les hommes et en plus du combat que c’est que de créer son entreprise, les femmes doivent se battre contre des ennemis invisibles : les écarts de revenus, les refus des investisseurs, la frilosité de certains partenaires, les schémas patriarcaux, les biais sexistes, la charge mentale qu’on leur impose…
Des défis importants subsistent pour briser les stéréotypes, on le voit bien mais il ne faut rien lâcher !
Promouvoir l’égalité des chances, renforcer le soutien aux femmes entrepreneures et mettre en avant des modèles féminins de réussite sont des leviers importants pour visibiliser ces femmes qui travaillent dur, qui osent être leur propre patronne ! Pour cela, des politiques publiques ciblées et une prise de conscience collective sont essentielles pour permettre aux femmes de prendre la place qui leur revient dans le monde professionnel. La diversité dans l’entrepreneuriat est une richesse pour l’économie et la société. Alors si vous avez un projet en tête, faites-vous confiance et lancez-vous !
Go les Boss !